Charlotte Salomon (1917 - 1943)

27/04/2020

Coucou mes chers lecteurs ! Nous nous retrouvons pour la publication de mon premier portrait de femmes inspirantes. Aujourd'hui, je vous parle d'une femme que j'admire énormément : Charlotte Salomon !


« J'ai réalisé que l'art ne peut exister par lui-même, mais qu'il doit découler de la vie. Vous allez rire, mais c'est ainsi qu'on fait des génies. », extrait de « Vie ? ou Théâtre ? » page 265

Née le 16 avril 1917, Charlotte Salomon est allemande et juive. En 1933, alors que le Chancelier Adolf Hitler entre au pouvoir et que de nombreuses mesures de persécution voient le jour contre ceux que l'on considère comme « ennemis du peuple allemand », elle se retrouve contrainte de quitter son lycée un an avant l'Abitur (le baccalauréat allemand). Elle intègre alors l'école des Beaux-Arts de Berlin, où elle vit avec son père et sa belle-mère. En effet, Charlotte Salomon connaît un triste destin dès sa naissance : née en plein conflit militaire, elle n'a que 9 ans lorsqu'elle affronte la disparition de sa mère et n'est alors qu'une jeune femme quand la Seconde Guerre Mondiale éclate. Dans un antisémitisme naissant, Charlotte se voit même refuser le premier prix d'un concours d'art en raison de ses origines juives. Son père, Albert Salomon, grand médecin et professeur à l'Université ne peut plus exercer qu'auprès des populations juives... C'est donc en 1938 que son père décide de lui faire quitter l'Allemagne pour la région de Nice où vivent ses grands-parents maternels afin de fuir ces tensions. Elle demeure alors à Villefranche-sur-Mer, chez une amie américaine de ses grands-parents. Néanmoins, la violence nazie se déferle petit à petit sur l'Europe et la guerre éclate en septembre 1939 en France. Le 20 mars 1940, sa grand-mère se défenestre sous ses yeux. Alors qu'elle croyait que sa mère avait succombé à la maladie, Charlotte apprend par son grand-père que sa mère s'est elle aussi suicidée par défenestration... Elle fait alors face à cette double tragédie qu'est sa vie : la guerre et cette malédiction familiale des femmes qui se suicident... C'est en juin 1940, lorsque l'Italie entre dans le conflit mondial que Charlotte et son grand-père sont envoyés dans le camp de Gurs, dans les Pyrénées. Ils en sortiront le 12 juillet et retourneront dans la région de Nice… 

Alors que la mort semble être l'unique issue, Charlotte transcende son destin et se réfugie dans l'art. Elle devient une véritable peintre prolifique : elle peint des milliers de gouaches entre 1940 et 1942 ! S'entremêlent alors peinture, musique et littérature grâce à la juxtaposition de récits calligraphiés, de notes musicales ou encore de succincts dialogues qui viennent animer ses peintures et leur donner vie. C'est une vraie lueur d'espoir. Parmi ces milliers de gouaches, 781 vont venir former l'œuvre de Charlotte Salomon, « Vie ? ou Théâtre ? », l'œuvre de toute une vie dans laquelle elle met en scène l'histoire de la malédiction familiale, son enfance, adolescence, sa vie. Dans ce décor si doux et floral que lui offre la Provence, elle semble si loin de toute cette animosité qui borde le territoire... Charlotte réussit à échapper aux Allemands jusqu'en septembre 1943. Malheureusement, elle et son mari, Alexander Nagler, jeune juif autrichien qu'elle a rencontré quelques mois plus tôt, seront tous deux dénoncés par leurs voisins et arrêtés. Envoyés à Auschwitz le 7 octobre 1943, Charlotte y sera assassinée trois jours plus tard, à l'âge de 26 ans alors qu'elle était enceinte de 5 mois. Alexander, son compagnon sera lui aussi assassiné quelques mois plus tard… 

Les œuvres de Charlotte Salomon ont été soigneusement conservées et remises à son père. Aujourd'hui, l'intégralité de son œuvre est préservée au Jewish Historical Museum d'Amsterdam situé au cœur de l'ancien quartier juif du Jodenbuurt suite à la volonté d'Albert pour rendre hommage à sa fille. En effet, l'œuvre de Charlotte reste incassable et bien qu'elle mélange différents arts, elle représente un véritable document historique. Son histoire a inspiré de nombreux artistes, touchés par le tragique destin de cette brillante jeune femme... Parmi eux, l'écrivain français David Foenkinos et son best-seller Charlotte (que j'ai lu et auquel je consacrerai prochainement un article) paru en 2014 mais aussi Bruno Pedretti qui a écrit Charlotte, la jeune fille et la mort. Outre la littérature, nous retrouvons Charlotte à l'honneur du ballet « Der Tod und die Malerin » ou encore d'un opéra de Marc-André Dalbavie intitulé « Charlotte Salomon ». 

L'histoire de Charlotte m'a littéralement conquise lorsque je l'ai découverte dans le roman de David Foenkinos... Sa jeunesse, sa tendresse mais aussi sa volonté de transcender son destin malgré tout ce qui pesait autour d'elle ne peuvent que nous transpercer. C'est pour cette raison que j'ai choisi de dresser son portrait, afin de lui rendre hommage, de rendre hommage à une femme dont la vie a été annihilée par la guerre. Je pourrais vous en dire plus mais je vous laisse découvrir son histoire par vous-même... En bonus, voici le portrait que j'ai réalisé d'elle au fusain ! 


On se retrouve bientôt mes chers lecteurs, je vous souhaite une bonne lecture !

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